Comme un puzzle assemblé de manière illogique, « Corpus » représente le corps scruté, décortiqué, épuré, froissé afin de brouiller les cartes de la beauté. Les clichés, comme découpés d’un tout, permettent de mélanger, de manipuler ces corps jusqu’à la monstruosité malgré l’esthétique de sa nature.
Le but de ce travail est la représentation du réel, la peau, la chair, de sa perception jusque dans l’intimité… sans contrefaçon comme un festin nu. Lorsqu’une denrée est portée à la bouche, le cerveau prend seulement conscience de ce qu’il absorbe. De même une image peut rendre un absolu dans le détail.
Un corps mis à nu, aussi beau soit-il, présentera toujours des défauts, des défaillances esthétiques ou des signes de la vie passée : une cicatrice, un grain de beauté, une vergeture, un pli, une tâche, un rien … « Corpus » dévoile une vérité dont on voudrait parfois faire abstraction.
Mais qu’est-ce que la réalité ? Une illusion, un tissu qui enveloppe et cache ? Un leurre, de la poudre aux yeux ou est-ce la fragilité d’un ensemble, d’un corps dans son entier, dans toute son histoire, dans tous ces combats ? « Corpus » révèle des corps sans beauté ni laideur mais divulguant des empruntes qui le rendent unique.
Au travers de ces clichés, l’authentique est remis au centre de la réflexion. La beauté est un outil que l’on peut manipuler à sa guise et aux besoins. Descendue de son piédestal, de l’idéalisation par la mode, la beauté demeure subjective de même que la réalité finalement…